Rencontre avec la meilleure copine de notre play­list, pourDe quoi faire battre mon coeur, un septième album plus intros­pec­tif, toujours aussi magné­tique.

« Je ne te dirai pas l’absence/ Et cette moitié de moi/ Qui est morte et puis qui danse. » Il ne faut pas se mentir: De quoi faire battre mon coeur est plus grave que les précé­dents albums de Clarika. « Pas plombé pour autant » insiste-elle. Des cordes d’Eu­rope de l’est, des guitares tartares et des claviers vintage, des textes souvent tristes sur des mélo­dies parfois pop, Clarika est de retour trois ans après La tour­nure des choses.

La vie sans toi, Rien de nous, Dire qu’à cette heure, Il s’en est fallu de peu, ses nouvelles chan­sons racontent la sépa­ra­tion, l’ab­sence et la soli­tude, une histoire univer­selle, celle de l’amour qui finit. “C’est un exutoire, bien sûr,” lâche pudique­ment la chan­teuse.

Pour De quoi faire battre mon coeur, elle a travaillé avec Fred Pallem et Raoul Tellier, de La Maison Tellier, et embarqué une belle brochette d’ar­tistes dans cette aven­ture, Mathieu Boogaerts, Alexis HK ou Claire Joseph. Mais c’est Jean-Jacques Nyssen, le papa de ses deux filles et son compa­gnon de vie et de musique pendant 20 ans, qui lui a composé Le Luté­tia. Tirée d’un fait divers survenu en 2013, elle chante le suicide de Geor­gette et Bernard, ces amants octo­gé­naires qui ont décidé de se dire au revoir dans le palace de la rive gauche.

Malgré tout, la mali­cieuse Clarika qui matait lesGarçons dans les vestiaires et marchait solaire sur la cinquième avenue dans Moi en mieux, sourit toujours derrière l’au­teure mélan­co­lique de ce nouvel opus. Eblouie par toutes nos facettes, comme elle le fredonne dans Je suis mille. A l’heure de la déchéance de natio­na­lité, la Clarika indi­gnée de Bien mérité, ce titre en forme d’hymne citoyen, n’est pas bien loin non plus mais elle ne tient pas à donner son avis à tout bout de champ, avouant son admi­ra­tion pour les “vrais mili­tants”. Vraie, elle l’est indé­nia­ble­ment, mili­tante aussi, de chan­sons à textes et de petites musiques qui parlent à toutes les géné­ra­tions. Elle se souvient, gamine, s’être rêvée star de cinéma en regar­dant Sophie Marceau dans La Boum. Avoir pris des cours de théâtre en pour­sui­vant des études de lettres, “un peu pour faire plai­sir” – à ses parents, en déduit-on, sa maman était prof et son père poète – décidé fina­le­ment de chan­ter, atterri dans des castings impro­bables en écumant les petites annonces de Rock & Folk. Puis il y eut la rencontre avec le musi­cien et compo­si­teur Jean-Jacques Nyssen, et le début d’une longue carrière dont elle a fêté les 20 ans au Tria­non, à Paris, en 2013. La scène, une vraie voca­tion pour Clarika qui repar­tira en tour­née dès le mois de mars, d’abord à La Cigale puis pour deux ans de dates à travers la France.

Ce qui fait battre son coeur? “La vie, mes filles, ce qui va m’ar­ri­ver, ce qui me fait peur aussi”. Ce 3 février, lorsqu’on la quitte au café Char­bon, Clarika s’ap­prête à fêter son anni­ver­saire, en famille. Elle emmène Lili, Lorette et leur papa à la Coupole, “où se joue cette scène mythique de La Boum”…