Ma première rencontre avec une femme poète sexy et romantique, c’était en suivant la mélodie de « Moi en mieux C’est d’être grande avec des cheveux Qui descendent là le long du creux, Et retombent tout en bas du dos En cascade et ça fait beau C’est danser comme Shakira Sur des textes de Barbara ». C’étaitClarika, une petite brune à la voix douce qui chantait les mots et les coups de cœur des femmes et de la société.

Elle est aussi la fraîcheur éternelle d’une jeune femme rêvant d’être un porte-savon pour observer les garçons dans les vestiaires. Clarika n’est donc ni une débutante et il se peut qu’elle n’ait pas besoin de mes mots pour toucher du monde. Peu importe, partageons ensemble ce nouveau bijou, De quoi faire battre mon cœur. Le septième. Ah oui quand même.

La belle chante d’abord son histoire, sa séparation, son deuil de 25 années de partage intime et musical avec Jean-Jacques Nyssen, et à travers elle, nos séparations à tous, nos adieux, nos au-revoir et nos déceptions. Et la prouesse est de faire malgré tout un album léger et discret, qui arrive sur la pointe des pas et nous souffle de belles paroles à l’oreille.

Amateurs de poésie, approchez, les autres, écoutez, parce que la musique de Clarika est avant tout des jolis mots chantonnés et souriants, murmurés et bienveillants. De quoi faire battre mon cœur est une plume oscillant au gré des humeurs de la vie, entre cordes tendues chatouillées et cordes frappées.

Entre deux époques et n’appartenant à aucune, la musique de Clarika est la bande son de la vie, de ma vie, de vos vies. Du quotidien, des petites joies et des grandes humeurs, la basse et les accents électroniques résonnent comme un grand bouillon de petites peines et de clins d’œil complices.

« Le choix de l’être ou de l’avoir Le choix du « merci pas ce soir » Le choix de faire passer l’enfant Le choix de vivre avec ou sans, Le choix de parler aux étoiles et pas à son voisin d’palier, Le choix de mettre un jour les voiles Sans se retourner » (« Le choix« ).

Alexis HK répond à Clarika s’interrogeant sur la foule de banalités de quotidiens parallèles, faisant un peu relativiser nos absences : « dire qu’à cette heure il y a forcément un mec qui pleure en cardigan, une fille qui enfile un collant, un camionneur qui prend la route, un soleil qui se lève, un enfant que la lune inonde » (« Dire qu’à cette heure« )… histoire de prendre un peu de recul face aux petits trucs qui font du bien et qui ne font pas de mal.

La Maison Tellier est invitée sur « La cible« , pour raconter l’histoire d’un lanceur de couteau (amant de la femme sur la cible) : « Il ne faut pas que ses mains tremblent… petite poupée de chair… lui relève la tête »… Mais n’est-ce pas là l’essence de la relation interpersonnelle ? Et d’autant plus la relation amoureuse ? Aimer avec la confiance aveugle d’une poupée pour lanceur de couteau, prendre le risque d’avoir le cœur transpercé.

Clarika affirme que tous ses albums sont personnels, certes, mais elle seule sait former ces mots que nous avons sur le bout de la langue, les enrober de jolies tournures et de poésie appliquée, ronde et légère, bienveillante et intime.

De quoi faire battre mon cœur aborde avec légèreté et indulgence maternelle la gravité de nos douleurs singulières, nos cœurs arrachés et nos adieux à jamais. Doux-amer et terriblement sincère. Juste, droit au cœur. Direct.